{FLASHBACK} Oh la bonne (?) nouvelle

Les sonneries semblaient ne plus finir. J'étais tellement excité par ce que j'avais à raconter à ma petite amie que je n'espérais qu'une seule chose... Ne pas tomber sur son répondeur... Alona décrocha enfin. Le sourire que j'avais jusqu'aux yeux devrait très bien s'entendre au bout du fil.

- Coucou, ma chérie. Ça va ? Je te dérange pas ?

Où est-ce qu'elle avait mis ce portable ? Affalée sur le canapé dans l'appartement de son petit ami, la brune s'était redressée d'un bond et courut à travers le salon pour attraper le téléphone avant que ne cessent les sonneries.

- Allô ? Non, tu ne me déranges pas du tout, je regardais un film à la télé. Quoi de neuf ? Tu rentres bientôt ?

Bouteille de champagne et quelque chose à lui annoncer... Alona fut prise de curiosité. Elle se laissa retomber dans le canapé.

- On célèbre quelque chose ? C'est bon, je suis assise. Dis moi tout.

- Oui, ben le prince charmant je l'attends, même sans destrier blanc, mais il tarde à rentrer du boulot...

Si elle avait été sur une chaise et pas sur le canapé, elle se serait probablement cassé la figure.

- Tu as quoi que qui ?!

Je ne pouvais m’empêcher de rire. J'imaginais la tête qu'elle devait faire... J'aurais peut être du attendre pour lui dire en face, mais je ne pouvais pas attendre...

- Fais moi répéter tant que tu veux, je ne me lasserai pas de le dire avant des jours. J'ai mis Natalya Makarov en prison ! ... Bon, pas pour longtemps, ses avocats ne vont pas tarder à la faire sortir sous caution, mais je suis quand même fier de moi sur ce coup, je t'avoues. C'était très bien préparé et elle a réagit exactement comme je l'attendais.

Et ça le faisait rire en plus !

- Makarov. On parle bien de la femme du pire ruskov de la ville ?!

La brune hésitait entre rire et pleurer. Certes, c'était un joli coup et elle serait curieuse d'en savoir plus, mais une autre idée moins joyeuse lui traversa l'esprit.

- Tu vas te faire tuer...

- On parle bien de la même. Charmante, mais vénéneuse. Tu aurais du voir comme elle me prenait de haut... J'en étais presque gêné d'être aussi indifférent à ses manières.

Je m'abandonnais dans mon fauteuil, le faisant basculer légèrement en arrière.

- Oh, pas plus que d'habitude, tu sais... Les menaces deviennent passées de mode tellement elles sont courantes.

Je me redressais. Mon sourire s’effaça. Je n'aimais pas sa réaction. Je pensais qu'elle serait fière de moi, qu'elle partagerait un minimum mon euphorie, mais si c'était le cas, elle cachait bien son jeu...

- Tu ne me demandes pas comment j'ai fait ? Lona, tu pourrais montrer un peu d'enthousiasme. Tu devrais être contente de ce coup de maitre...

- Je serai contente de te voir rentrer en un morceau ce soir, continua-t-elle sur sa lancée morose.

Elle réalisa alors au ton de Ian que celui-ci semblait déçu qu'elle ne se réjouisse pas comme lui de l'évènement.

- Ok, je suis désolée. Reprenons. Allez, dis-moi tout, par quel miracle as-tu réussi à mettre la graaande Natalya Makarov sous les verrous ?!

Tout en parlant, la brune se redressa machinalement, alla jusqu'à la chambre, ouvrit le tiroir de la table de nuit, en sortit son arme et vérifia le nombre de cartouches dans le chargeur.

- Comment j'ai fait... Figures-toi que je suis sur une affaire de racket, rien de très extraordinaire. La victime a décrit une femme qui ne correspondait pas vraiment à Makarov, mais assez pour que je m'en serve. J'ai donc convoquée la miss cet après midi pour l'interroger. J'en ai profité pour la bousculer un peu. J'ai fait celui qui déformait tout ce qu'elle disait, qui ne comprenais rien... Patati patata... Au final, j'ai fini par la pousser à bout. Elle a commencé à m'insulter, et voilà. Il n'en fallait pas plus. Elle s'est faite avoir comme une débutante. La reine des idiotes.

Je me relavais d'un bond et commençais à marcher dans mon bureau pour me donner une contenance. J'étais encore sur un nuage... Je n'en revenais pas...

- D'ici quelques heures, son avocat l'aura fait libérer. Rien de bien méchant. Heu... Chérie, c'est quoi ce cliquetis que j’entends ? Tu fais quoi ?

Alona avait les clefs de l'appartement, mais je lui avais bien fait comprendre que je n'aimais pas qu'elle fouille mes affaires. J'avais deux-trois preuves qu'elle n'avait pas besoin de trouver...

- Tu l'as poussée à s'énerver contre toi...

*Et à retenir ton nom et ton visage, de mieux en mieux.*

- Et t'as réussi à la griller pour un délit d'outrage ?!

Cette fois-ci, elle riait. Il fallait dire qu'il avait quand même réussi à la coincer comme une bleusaille. Elle en aurait attendu mieux d'une reine de la mafia.

- C'est rien, mon amour, s'empressa-t-elle de rajouter.

Zut, il avait entendu le bruit du revolver.

- J'attrapais juste le chargeur de mon portable sur le guéridon, et j'ai fait tomber mes clés.

- Qu'est ce que le chargeur de ton portable faisait sur le guéridon ?

Lona ne mettait jamais le chargeur de son portable sur le guéridon. D'ordinaire, il était dans la chambre... Bof, elle avait surement une bonne raison... Je n'avais pas de raison de m'en faire.

- Bref... J'en reviens pas, je vais le dire encore une fois. J'ai mis Natalya Makarov en prison. Faudra que je demande aux flics ses photos de garde à vue pour les faire encadrer et les accrocher dans mon bureau. Tu aurais vu sa tête, écoutes... Quand elle a compris qu'elle s'était fait piéger, elle ne faisait pas la fière, je peux te l'assurer.

Je retournais finalement m'assoir. J'avais envie de prendre ma petite amie dans mes bras. Elle me manquait beaucoup à cet instant précis.

- Si ca se trouve, le juge sera déjà parti quand les avocats vont prendre l'affaire en main, et elle ne sortira peut etre que demain matin... Bon, connaissant les relations de la famille, je pense qu'ils seraient capable de tirer le juge du lit à pas d'heure pur la faire sortir plus vite, mais bon... j'aime bien l'idée qu'elle dorme dans la même cellule qu'une des prostituées japonaises, qu'en dis-tu ?

L'euphorie était telle que j'en oubliais le danger. J'étais tellement dans un état second, que si j'avais eu Alona face à moi, je l'aurais surement demandé en mariage.

- Je l'ai juste posé le temps de trouver une prise pas trop loin pour que je puisse le brancher tout en restant en ligne avec toi.

Pourquoi est-ce qu'il insistait sur cette histoire ? Heureusement, l'euphorie de sa victoire le ramena vite sur le sujet initial.

- Je suis fière de toi, mon amour.

*On réfléchira aux conséquences de ça un peu plus tard, quand un russe viendra essayer de te faire la peau.*

- J'aurais demandé à être là pour voir ça.

*Et lui mettre une balle dans la tête pour éviter des représailles trop rapides.*

- J'en dis que tu as réussi un très joli coup, et que la compagnie des japs' en particulier devrait beaucoup lui plaire...

Une pause. Une illumination soudaine.

- Dis, tu ne veux pas plutôt que je passe te retrouver à ton bureau et qu'on aille manger quelque part pour fêter ça ?

Enfin, elle l'avait dit !! Elle était fière de moi. Ça faisait plaisir de l'entendre enfin partager mon euphorie. Elle voulait me rejoindre... Je regardais autour de moi pour évaluer le temps que j'avais encore à passer ici. Certes si elle venait je la verrai plus vite, mais j'avais autre chose en tête...

- Tu veux sortir ? Je pensais qu'on aurait pu fêter ça... Entre nous... En tête à tête...

Comprenant où il voulait en venir, la brune sourit. Par contre, ça n'allait pas dans le sens de son propre plan, qui était d'aller s'assurer elle-même que personne ne tenterait rien contre Ian. Mais après tout, Natalya Makarov était encore en prison, même si on ne savait pour combien de temps.

Plan B.

- Ça me va. Mais tu rentres dans combien de temps ? Je m'ennuie, moi, toute seule...

- Écoutez-moi ça... Ça change de toutes les fois où c'est moi qui t'attend parce que madame est en mission jusqu'à pas d'heure...

Temps de pause...

- Je finis ma paperasse, je passe faire quelques courses, et je rentre. Je devrais être là d'ici 1h30. 2h grand max. Je te prépare un petit diner aux chandelles...

Chuchotant...

- ... Et un dessert dont tu te souviendras.

- Je t'ai déjà dit plein de fois que si ça ne tenait qu'à moi je préférerais largement passer du temps avec toi que de risquer ma peau tous les quatre matins....

Elle soupira. Ce n'était pas la première fois qu'était soulevé le sujet épineux du travail de la jeune femme. Entre ses gardes à la clinique de parfois plus de 54 heures d'affilée et les missions secrètes à tout moment, elle n'avait pas le plus simple des emplois du temps.

- Deux heures ?!

La patience n'était pas son fort, surtout quand elle devenait parano. Voilà qui lui laissait tout de même le temps de faire quelques arrangements...

Son sourire s'élargit.

- C'est pas la peine de me rendre encore plus impatiente que je ne le suis déjà !

Une pause.

- Tu devrais arrêter des grands mafieux plus souvent si ça me vaut un tel traitement de faveur.

*Mais pas trop non plus, je tiens a vivre jusqu'à 30 ans...*

- Oh, mais l'impatience te rend encore plus jolie. Pourquoi je m'en priverais ? ... Bon, d'accord, je signerai ma paperasse demain. Je passe au magasin, et je te retrouve dans une heure.

Je fermais le dossier sur mon bureau en le faisant claquer assez fort pour qu'Alona l'entende. Je me levais ensuite pour allez chercher ma veste sur le porte manteau.

- Lona... Je vais arrêter des mafieux plus souvent. Aujourd'hui, c'est Natalya, demain ca sera Vladimir et toute la clique. C'est mon travail. Je voulais te dire que ton soutien est très important pour moi. Merci. Je t'aime, mon amour. Je me dépêche de rentrer.

- Parce qu'en deux heures, j'ai le temps de rentrer au camp ! ... Tu vois quand tu veux.

Elle sourit une nouvelle fois.

- Oh, je te crois. Si tu continues comme ça, je serai bientôt au chômage.... Et obligée d'envahir ton appartement plus souvent....

Elle aurait bien le temps de stresser plus tard. Pour l'instant, mieux valait profiter de l'instant présent. Une petite voix ne put s'empêcher de rajouter *tant qu'il est encore là*.

- Fais vite. Je t'aime aussi.

Une heure. Elle avait le temps de finir son film. Puis il lui faudrait une tenue un peu plus adaptée à la célébration de l'évènement....

- 59 min. Bisous

Je raccrochais, sortais de mon bureau, le fermais à clefs, et direction une super soirée. J'étais le plus heureux des hommes ce soir. Tout me souriait... Pourvu que ça dure...